Pour moi, reconnaître et accepter sa vulnérabilité est l'un des plus grands actes de courage que nous puissions accomplir. C’est pourtant un paradoxe apparent. Nous avons ici deux contraires, soit vulnérabilité et force, qui semblent s'opposer, mais qui se rejoignent en réalité dans une même dynamique. Dans un premier temps, accepter que j’aie des limites pour ensuite les accepter comme telles, c'est me reconnaître pleinement en tant qu’humain, dans toutes mes imperfections. Et c’est précisément dans cette acceptation que réside une forme de puissance intérieure.
Il y a une force immense dans le fait de ralentir et de vivre en accord avec soi-même. Cette année, j’ai fait ce choix de ralentir, de sortir du moule, et cela m’a permis de reconnaître que, oui, je peux être vulnérable dans certaines situations. Cela m’a permis, surtout, de reconnaître que c’est parfaitement normal. Cette reconnaissance que j’ai de ma vulnérabilité ne diminue en rien ma valeur, bien au contraire. En l’acceptant, je fais croître ma confiance en moi, ainsi qu’en la vie. En cessant de lutter contre mes faiblesses et en les accueillant comme une partie intégrante de mon être, je me libère du besoin d’être parfaite et je me permets d’évoluer en tant que personne humainement imparfaite. En les reconnaissant, je peux choisir sur lesquelles de ces faiblesses je veux investir mon énergie pour devenir la meilleure version de moi-même. Le chemin se marche lentement, un pas à la fois, chaque jour dans l’instant présent du moment. J’accepte que je serai parfaite dans tout mon imperfection.
Ce cheminement personnel a un impact direct sur ceux qui m’entourent, à commencer par mes enfants. En me montrant telle que je suis (imparfaite mais authentique), je leur enseigne une leçon essentielle : ils ont le droit d’être eux-mêmes, eux aussi avec leurs forces et leurs faiblesses. En leur montrant que la confiance en soi ne naît pas de la perfection, mais bien de l’acceptation, je leur donne l’espace pour grandir, eux aussi, dans l’authenticité. La confiance se bâtit petit à petit, à travers des moments où nous nous montrons tels que nous sommes vraiment. En l’absence d’authenticité, pour moi, il n’y a pas de relation de confiance possible.
À la base de cette relation de confiance, je place une valeur centrale : l’intégrité. L'intégrité, que ce soit dans notre vie personnelle ou professionnelle, est pour moi le socle de toute relation durable. C’est une valeur profonde qui renforce la cohérence entre nos paroles et nos actions et qui nourrit la confiance que les autres placent en nous. Lorsque nous faisons preuve d’intégrité, nous devenons dignes de cette confiance. Elle ne se gagne pas simplement en paroles, mais en démontrant, jour après jour, notre honnêteté et notre fiabilité.
Dans le monde professionnel, en tant que gestionnaire ou leader, cette valeur prend une importance cruciale. Un bon leader, un grand leader, place l’intégrité au cœur de ses décisions et de ses interactions. Il s’engage non seulement à être honnête et digne de confiance, mais il s’engage aussi à écouter profondément ce que son sens moral lui dicte. Cette intégrité devient une boussole interne qui guide ses choix, même dans les moments de doute ou de vulnérabilité. C’est ici que la vulnérabilité rejoint l’intégrité. Un véritable leader sait que l’intégrité implique aussi le courage d’accepter et de montrer sa propre vulnérabilité. Il trouve la force d’oser être vulnérable, non seulement pour lui-même, en acceptant ses limites et ses imperfections, mais aussi devant les autres. Ce choix d’authenticité, loin de diminuer son leadership, le renforce. En partageant ses propres doutes, il inspire son équipe à faire de même, créant ainsi un espace de confiance mutuelle.

Dans ce processus, la pyramide des dysfonctions de Lencioni est un modèle précieux pour comprendre comment bâtir une équipe solide. À la base de cette pyramide, on retrouve la confiance, essentielle au bon fonctionnement de toute équipe. Sans confiance, il est impossible de passer aux autres stades du développement de l'équipe, tels que la gestion des conflits, l'engagement et la responsabilisation. Pour bâtir cette confiance, les membres d'une équipe doivent être capables de se montrer vulnérables les uns envers les autres, d’admettre leurs erreurs, leurs limites et de ne pas craindre d’être jugés.
L’un des rôles clés du leader est donc de poser les bases de cette confiance en modélisant cette vulnérabilité, en étant transparent quant à ses propres failles et en encourageant une culture où chacun se sent en sécurité pour faire de même. Une équipe qui fonctionne dans un climat de confiance traverse les différents stades de développement plus facilement, passant du "forming" au "storming", puis au "norming" et enfin au "performing", selon le modèle de Tuckman. Chaque étape est marquée par une meilleure communication, un engagement plus profond et une responsabilisation accrue.
Pour moi, le véritable leadership ne se résume pas à un titre ou à une fonction que l'on endosse. Il s'agit d'un état d’être qui s’incarne naturellement lorsque l’on vit en accord avec ses valeurs fondamentales, telles que l’intégrité et l’authenticité. En alignant ses paroles et ses actes, un leader authentique montre l'exemple. "Les bottines suivent les babines", comme le dit si bien l’adage, et cette cohérence permet à ceux qui l'entourent de savoir qu'ils peuvent compter sur lui, en toutes circonstances.
Et vous? Pensez-vous qu'il est difficile d'être authentique dans vos relations professionnelles ? Si oui, je vous invite à identifier quels obstacles vous en empêchent. En tant que leader ou membre d'une équipe, comment pouvez-vous contribuer à créer un environnement où la vulnérabilité et la confiance peuvent s’épanouir ?
Marie-Hélène Tremblay, B.A.
Coach professionnelle de gestion
InCentrum Coaching
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